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S/t-O.
HISTOIRE
DE^
CHAPELLES PAPALES.
^T
HISfOIRE
DES
CHAPELLES PAPALES.
Toulouse. — Imprimerie d'Augustin Manavit . rue Saint-Rome . 25.
HISTOIRE
DES
OUPEliES PIPW,
Par m. le Chevalier MORONI,
P&EHIEK AIDE DE CHAMBEE DE S. S. GBÉGOI&E XTI ;
D'DN EXPOS£ SOUmE BES GHiPELLES QUE HEPENT 1 ROIE, PENDIKT L'iNNÉE, LESGiRIlIIiiniEIPRÉUTS:
OUVRAGE TRADUIT DE l'iTALIEN, AOOOMFAairt BB WOTBS UTTm«SnB8 BT RISTOBIflVBS ,
PAR A. MANAVIT,
Auteur du Précis des Cérémonies papales.
PARIS,
ANCIENNE MAISON DERÉCOURT,
SAGNIER ET BRAY, LIBRAIRES-ÉDITEURS,
Rue des SaiDls-Pèra, 61.
1846.
3/i-O.
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PRÉFACE m TRADDCTËllR.
La traduction que nous donnons des Chapelles pap^Cles de M. le chevalier Moroni , premier aide de chambre de S. S. Grégoire XVI , peut être rangée au nombre de ces ou- vrages dont la publication paraît avoir une époque déter- minée. Si les livres ont leurs destinées , ils ont aussi leur temps; et les productions de l'esprit humain ressemblent quelquefois aux fruits de la terre , qui ne peuvent être re- cueillis avec avantage qu'au moment de leur parfaite matu- rité et dans un temps donné.
Pour faire comprendre notre pensée, nous distinguerons, au point de vue de l'histoire de la papauté, et de cette cité fameuse où elle a établi son siège , plusieurs époques qui se sont successivement déroulées à nos yeux. A la fin du dernier siècle , l'histoire de Rome ancienne , la description des chefs-d'œuvre modernes que renferme cette ville, sem- blaient être le seul but du plus grand nombre d'écrivains que l'amour de l'étude appelait en Italie. Les travaux de la plupart d'entre eux , que l'archéologie , la peinture , la poésie et l'histoire peuvent tour à tour revendiquer , exé- cutés sous l'empire de préoccupations individuelles , ou dans un inflexible esprit de système , laissaient couvert à nos yeux d'épaisses ténèbres ce qu'il nous importait de connaî- tre. Si la curiosité des savants était satisfaite , il restait à éclairer la conscience du moraliste , à réjouir la foi du chré- tien, et à confondre de graves erreurs.
On sait que , dans son délire , le philosophisme du dix- huitième siècle, en dénaturant les faits de l'histoire, avait
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imprimé aux plus grands hommes du catholicisme les styg- mates de ses noires calomnies. Si quelques esprits moins pervers voulaient bien reconnaître les bienfaits de la morale chrétienne; l'institution de la papauté, cette sauvegarde de l'Europe au moyen âge, défigurée et outragée, n'en était pas moins considérée par eux comme l'œuvre d'une aveu- gle crédulité , et l'influence de ce pouvoir tutélaire sur la société ne leur paraissait s'être exercée que dans des vues de domination et d'intérêt privé. La providence a permis , et c'est ici comme un prodige qu'il faut admirer , que du sein des écoles protestantes d'Allemagne , s'élevassent les premiers témoignages en faveur de la vérité méconnue : elle ne pouvait rester long -temps captive; elle est sortie triomphante de ces consciencieuses recherches historiques entreprises sur des époques éloignées de nous , où la foi brillait sans ombre dans les cœurs, qu'elle réjouissait de sa douce lumière , où elle régnait en souveraine sur les es- prits, qu'elle captivait. Ainsi la providence a voulu que l'institution de la papauté, dans ses rapports temporels, fût vengée; que ces majestueuses figures des Pontifes romains nous apparussent plus radieuses et plus belles, que la salu- taire influence que ce pouvoir presque divin a exercée sur la société ne fût plus méconnue , et que nous pussions en apprécier avec justesse les ineffables bienfaits.
Les amis de la Religion , ceux qu'intéressent les progrès des études historiques et qui aiment à s'éclairer au flam- beau de la vérité, rendent un légitime hommage aux écri- vains habiles et laborieux à qui nous devons l'histoire du pape saint Sylvestre , d'Innocent III , de Grégoire VIII , de Léon X, de saint Pie V , celle de la papauté au seizième et au dix-septième siècle. Généreux défenseurs de ces Pontifes romains dont l'impiété s'était plus particulièrement attachée à défigurer la noble image , ils ont ouvert aux opinions his- toriques une ère nouvelle j à leur école se sont formés
( V" ) d'autres écrivains^ qui^ s'adrcssaQt à des intelligenœs moins élevées, ont rendu la vérité élémentaire; elle est descendue pour tous des hautes sphères de la science, et, rétablie dans ses droits, elle a retrouvé dans la conscience publique les hommages qui lui étaient dus.
Comme objet de critique historique, et au point de vue de cette paternelle influence qu'exerçaient les Pontifes ro- mains dans la sphère indéterminée que leur ouvrait la foi des peuples et leur intelligente charité , assignons pour pre- mière période dans les annales de la papauté , cette révolu- tion intellectuelle opérée dans les esprits , qui a entraîné la ruine de l'édifice de mensonge élevé par le philosophisme moderne.
Un nouvel intérêt s'attacha non-seulement à ces grandes figures des Pontifes romains, mais encore aux diverses phases de l'autorité qu'ils exercèrent , aux institutions qu'ils fondèrent, aux principes qui leur servirent de guide, et dont ils firent l'application comme pontifes et comme rois , dans l'exercice de cette imposante autorité dont ils étaient revêtus. Ce même intérêt s'attacha aussi à cette métropole qu'ils enrichirent de tant de monuments de leur charité et de leur bienfaisance , et des chefs-d'œuvre de l'art.
Ici commence l'époque où les esprits réfléchis ont pu sagement apprécier les institutions établies à Rome par le pouvoir religieux : elles participaient à cette espèce de ré- probation générale portée par l'école sceptique et raiUeuse qui jugeait si mal les œuvres du Christianisme. La roule avait été habilement tracée par l'écrivain si distingué auquel nous devons les Études statistiques (1) : portant d'une main dévouée le flambeau de son expérience dans l'administration civile des États de l'Église , ce regrettable magistrat assigna
(1) Éludes statistiques sur Rome et la partie occidentale des États romains , clc. , par le comte de Tournon , pair de France , préfet de Rome de I8l0àl8li Paris, 2 vol. in- S.», I83l.
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poar la première fois aux populations romaines y le rang qu'elles devaient occuper dans la grande famille européenne; il leur restitua quelque part dans l'héritage commun des peuples appelés à une commune civilisation. L'ouvrage si noblement impartial de M. de Tournon doit servir de pre- mier guide à tous ceux qui veulent se livrer à des études sérieuses sur la ville de Rome : les souvenirs qu'il a laissés dans les contrées autrefois confiées à son administration^ font assez comprendre que les malheiu^s de cette capitale envahie furent amoindris par les efforts de ceux-là mêmes qui dominaient sur elle au nom du vainqueur ; ils avaient ,. en effet , compris la dignité de la conquête , et leur res- ponsabilité envers le monde civilisé.
La direction imprimée en France aux études économi- ques n'a pas été sans influence à Rome , et un Prélat ro- main a déroulé à nos yeux étonnés les immenses richesses que la charité publique et la piété des Papes ont créées pour améliorer la condition du peuple et soulager toutes les douleurs de l'âme et du corps. Les plus curieux docu- ments de statistique religieuse, recueillis par l'auteur, font de son livre (1) un tableau plein d'intérêt qui a fixé , en
(I) DegU IstUuli dipublica carità e d^istruzione primaria in Roma, di Mgr. D. Carlo-Luigi Morichini, prelato romano. 1 vol. in-8.o Rome, 1835.
Cet ouvrage a élé traduit en français , accoBipagné d'ace remarquable j^éface, par IVf. de Bazelaire. Une seconde édition en deux volumes grand în-8.o a bientôt suivi , à Rome , la première. L'auteur a agrandi le cercle de ses recherches ; il a joint à ses premiers travaux de curieux documents snr les prisons et les archiconfréries romaines ; il fait connaître l'esprit qui les anime, le but qu'elles se proposent et les statuts qui les dirigent. A part l'intérêt de la matière au point de vue de la bieufaisance et des mœurs publiques, ces documents, la plupart officiels, ont pour nous un intérêt nouveau. De grands tableaux d'une ingénieuse composition présentent aa lecteur, sous des formes synoptiques, l'état général de l'instruction primaire à Rome, des hôpitaux et des prisons, leurs revenus propres, les dotations ^e ces précieux établissements reçoivent du gouvernement , le cliiffre de leur personnel respectif; enfin ; le nom des fondateurs ou bienfaiteurs. Dans
(rx) Italie, comme en France et en Angleterre^ l'attention des honunes sérieux.
Divers écrits publiés en France sont venus jeter de nou- velles lumières sur le gouvernement religieux et civil des États de l'Église j et nous trouvous dans chacun d'eux une preuve manifeste de ce mouvement réactionnaire des esprits éclairés , qui proteste contre les innombrables erreurs tra- ditionnelles^ mais déjà vieillies^ propagées par l'ignorance ou l'impiété , sur les populations romaines.
L'ouvrage le plus récent parvenu à notre' connaissance , où des documents puisés à des sources officielles sur le commerce , l'industrie , la législation et les travaux d'uti- lité publique se trouvent reproduits, où Féloge apparaît bien plus souvent que la critique, toujours respectueuse d'ailleurs , est le Voyage dans Htalie méridionale (1). Nous savons gré à l'auteur d'avoir profité de ce que sa position lui donnait de crédit , pour se livrer à des études statisti- ques, auxquelles il est si difficile de s'adonner avec fruit dans les États dltalie , et pour démontrer ainsi , à l'aide d'arguments irréfragables , que les peuples de la Péninsule
le coars de l'ouvrage, à côté des données statistiques , dous tronvons tou- jours de judicieux rapprochements et d'importantes observations, qui attes- testent les connaissances variées de Tautenr , ses profondes études , et cet esprit de charité qui Tanime. Nous regrettons que cet ouvrage, dont la première édition ne peut donner qu'une idée fort imparfaite, n'ait pas été traduit eo français ; il nous paraît destiné à fixer au plus haut point l'at' tentioD des moralistes, aujourd'hui où des études entreprises sur l'économie sociales occupent l'attention des hommes graves. L'auguste confiance du chef de l'Église a récemment appelé Mgr. Morichini, maintenant archevêque de Nisibe inpartihus , aux importantes fonctions de nonce du saint Siçge près S. M. le Roi de Bavière. Nous ne doutons pas que ce Prélat , dont la bienveillaoee nous honore, ne serve, à Munich , la cause de la Religion, celle de son souverain et du droit des gens , avec la même habileté et le même dévouement dont il a fait preuve, à Rome, en défendant celle des pauvres et de la charité publique.
(1) f^oyage dans V Italie méridionale, par J.-C. Fulchiron , député da EhÔQC. 4 vol. in* 8.0 Paris , 1844.
italique sont entrés dans les nouvelles voies ouveiles par la science au commerce et à Tiodustrie des peuples.
Il semble qu'à propos de la publication d'un livre litur- gique, ces considérations soient étrangères au sujet; mais si l'on réfléckit qu'à Rome tout part d'un centre commun, que la Religion est la seule base des iostitulions politiques et civiles, que la main qui bénit et qui délie, est celle aussi qui porte le glaive, on verra que cette école d'écrivains, en ramenant forcément notre estime et notre admiration sur ces institutions long-temps calomniées, nous préparait à un sen- timent profondément religieux , qui devait nous rendre plus respectable encore cette autorité unique, qui n'est restée étrangère à aucun des bienfaits de la civilisation , condui- sant dans la double voie des intérêts spirituels et tempo- rels , les peuples confiés à sa paternelle sollicitude.
Ainsi les esprits même placés dans le cercle des intérêts humains , conduits à une plus juste appréciation des hom- mes et des choses , semblaient mieux disposés pour juger de l'action morale et bienfaisante de Rome chrétienne sur les intelligences. D'un autre côté , nous avons vu des écri- vains recommandables , de pieux voyageurs , réveiller le plus vif intérêt en entretenant leurs lecteurs des institutions reUgieuses de cette métropole catholique, en leur retraçant les touchants souvenirs qu'elle rappelle, liés invinciblement, soit à ses monuments , soit aux grandes actions de la pa- pauté , soit à celte glorieuse série de confesseurs de la foi qui rougirent de leur sang cette Rome autrefois souillée par les profanations païennes, soit à ces lieux cachés, berceau de la Religion , soit enfin à ces pieux asiles où furent pro- noncées aux premiers âges tant d'éloquentes apologies du Christianisme. Nous avons vu l'attention ramenée vers ces nobles ruines chrétiennes qui rappellent les premiers siècles de la foi , trop long-temps délaissées par le voyageur , cu- rieux des choses profanes ; et devant cette énumération de
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souvenirs religieux , écrivains et lecteurs se sont tous ren- contrés dans une commune expression des sentiments d'in- térêt et d'admiration qu'inspire cette cité fameuse.
Or, dans ce mouvement des esprits vers les études sé- rieuses qui ont Rome pour objet , la question devait s'agran- dir et le ceixîle des investigations devait s'étendre : on a fouillé dans cette mine précieuse, et le domaine de l'intelli- gence , fécondé par dé nobles talents , s'est enrichi de pré- cieuses richesses.
Parmi les ouvrages qu'un sentiment chrétien a plus par- ticulièrement inspirés , nous devons compter les Lettres sur l'Italie y par M. de Joux; le Voyage à Rome^ par le père de Geramb \ Toscane et Rome , par M. Poujoulat , livre trop court au gré de ceux qui le lisent, où l'auteur nous instruit et nous édifie par ses récits sur Rome moderne , auxquels ses souvenirs d'Orient donnent un nouveau charme ; Rome chrétienne ^ par M. de la Gournerie , livre qui a trouvé à bon droit tant de lecteurs, et qui présente sous un nouveau jour tout ce que cette métropole renferme de beautés histo- riques et religieuses; enfin, l'ouvrage inachevé de M. l'abbé Gerbet , sous le titre ^Esquisse de Rome chrétienne y dont la publication tardive laisse trop regretter ce que l'auteur a à nous apprendre sur les antiquités chrétiennes et sur les trésors de piété et d'instruction dont les monuments sacrés que renferme la métropole catholique sont comme la source abondante. Si l'ensemble des institutions romaines et les richesses littéraires amoncelées à Rome, faisaient dire à Schiller que cette ville était comme une mer sans fond; c'est surtout lorsqu'on étudie les monuments et les institu- tions que la Religion y a fondés, que l'on trouve plus véri- dique encore l'assertion du poète allemand.
Il restait un nouvel ordre de faits à étudier, ceux qui constituent, à proprement parler, le domaine religieux étendu aux faits ecclésiastiques , considérés dans les insti-
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tolioQS et la hiérarchie cléricale. Au sommet de cette hié- rarchie est placé l'auguste chef de l'Église universelle ; au deuxième rang , le Sacré-Collége , dont les constitutions , les privilèges et les attributions spéciales sont, en général, peu connus; à un degré inférieur, nous voyons la haute prélature romaine, appelée, comme les membres du Sénat apostolique, à prêter son concours au pouvoir souverain, dans ses attributions spirituelles et ses attributions tempo- relles ; d'autres Prélats se divisent les diverses charges de l'Église, de l'État et de la maison du Pape; enfin, le clergé romain, soit que nous le considérions desservant les basili- ques ou les collégiales et remplissant les fonctions du saint ministère, soit que nous le considérions à la tête de l'en- seignement public , voué dans le monde à l'exercice des bonnes œuvres , ou vivant dans la retraite des cloîtres , n'en occupe pas moins sa place dans la constitution religieuse et politique du pays , concourant ainsi au maintien de ses ins- titutions. C'est un côté de Rome chrétienne qui est encore resté couvert à nos yeux.
Il convenait de commencer ce nouvel ordre d'études par fixer l'attention sur le chef de l'Église, en le considérant dans l'exercice de ses fonctions ecclésiastiques. Ici l'importance du sujet s'accroît de tout l'intérêt qui s'attache au Pontife suprême, au rang éminent qu'il occupe, aux prérogatives que l'Église lui a confiées, au double caractère que nous reconnaissons en lui , à ces traditions naïves des premiers âges chrétiens qui se perpétuent dans plusieurs cérémonies apostoliques. Ces rites si respectables nous présentent quel- quefois l'intérêt de l'histoire ; quelques-uns retracent à nos yeux une esquisse des mœurs romaines : ils sont comme iexpression de la civilisation des peuples, que le principe religieux , personnifié dans l'auguste chef de la chrétienté , appelait à d'autres formes sociales. Sous ce point de vue , les Ordo romains et les Cérémoniauœ pontificaux offrent de
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curieux rapprochements; les institutions et les usages li- turgiques des papes saint Gelase , saint Grégoire-le-Grand , Grégoire VII, Innocent III, Léon X, Benoît XIII, Benoît XIV, Clément XIV et Pie VI, semblent retracer assez fidèlement quelque chose de l'esprit des diverses époques oii vécurent ces Pontifes.
Une expression italienne résume les principales fonctions ecclésiastiques que remplit le Pape ; sous la désignation de Câpelle pontificie, on entend à Rome, comme on le verra ailleurs, les messes solennelles célébrées par le Pape , celles où il assiste, les vêpres où il officie, ou auxquelles il assiste encore. On désigne sous la même dénomination, les céré- monies du sacrement de baptême , quand il veut bien le conférer, aussi bien que la bénédiction des langes ^ Vouver^ ture et la clôture de la Porte sainte. Lar même expression de Capelle s'applique à certaines cérémonies ecclésiastiques cé- lébrées devant les Cardinaux et Prélats de l'Église romaine. Il a paru en Italie un livre spécial sur la matière (1), que nous devons à M. le chevalier Moroni : nous avons essayé d'en donner une traduction. Mais avant de parler de notre propre ouvrage, que nous publions aujourd'hui, disons quelques mots du Uvre plus important du même au- teur, dont les Chapelles papales ne sont, en quelque sorte, qu'un long chapitre détaché.
On peut ranger en deux catégories les divers ouvrages d'érudition ecclésiastique où sont exposés les rites sacrés observés dans Fexercice des fonctions papales. On ces ou- vrages présentent un ensemble complet, dans lequel ces fonctions sont étudiées sous le double rapport historique et doctrinal ; ou bien ils n'offrent aux lecteurs que de savantes monographies , où l'on traite d'un rit , d'un insigne , d'une
(l).Le Capelle ponlificie , cardinalizie e prelatizie ; opéra storico" liturgica dl Gaetano Moroni , romano, primo aiu tante di Caméra di Sua Santità Grfgorio XYI. 1 vol. in-B <» Venezia, dalla tipografia Emiliaiia.
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prérogative affectée ou dévolue au Pontife suprême. Dans la première catégorie il faut ranger les Ordo romains ^ les CérémoniauXy le livre de Paride de Grassis, maître des céré- monies de Léon X (1) ; celui du bibliothécaire Giorgi (2) ; la Hiérarchie ecclésiastique j, de Bonani, ouvrage plein d'érudi- tion et d'intérêt; le Thésaurus (3), d'Angelo Rocca, religieux augustin, sacristain du palais apostolique sous Clément VIII, écrivain fécond à qui la liturgie pontificale est redevable de tant de recherches curieuses; l'ouvrage du chanoine portu- gais Novaes (4), si utile pour faciliter les recherches; enfin,
(1) Diarium curiœ Romance, cum christiani Godofrini Hoffanni, Disserlatione de auctore diarii , ejusque vitâ , necnon diariis et lihris Cœremoniarum curiœ Romance prima vice. Ex M. S. cditum, etc. 1 vol. in-4.0 Leipsic , i73|.
(2) De Liturgiâ romani Pontificis in solemni celehratione missa- rum, 3 vol. in-4.o Rome, 1744.
(3) Thésaurus pontificiarum antiquitalum, necnon rituum ac cœre- moniarum. 2 vol. in-folio. Rome, 1745. La bibliothèque da conveot des Augostins, à Rome, appelée bihliotheca Angelica, doit tout à la fois soa nom et sa fondation au P. Angelo Rocca , dont nous parlons. Ce savant re- ligieux , à part Touvrage que nous venons de citer, est l'auteur d'une foule de traités , dissertations et commentaires sur les rites pontificaux , plusieurs fois cités dans les ChapeUes papales , et qui, réunis, forment plusieurs volumes in-folio, tels que : de sacrosancto Christi corpore romanis Pontificibus iler conficientibus prœferendo , commentarius , etc; de Calceis pontificiis , cruce insignitis , etc. , etc. 1 vol. in-folio. Rome, 1595. — De sacra summi Pontificis communione , etc. \ vol. ln-4.o Rome, 1610. La collection à peu près complète de ses œuvres, se trouve dans la bibliothèque de son ordre , à Rome.
(4) Jntroduzione aile vite de summi Ponte fi^i, o siano dissertazioni storico-critiche per servire d'intero rischiarimento a diversipunti nelle vite medesime conte nuti. Cominciando dalV elezione , coronazione , e possesso dé* Pontefici medesimi. Raccolte dal canonico Guiuseppe de IVovaes , patrizio portoghese.
Nous connaissons deux éditions de ce livre curieux ; et quoique la der- nière, imprimée à Rome, à THospice apostolique, ne date ^ue de 1822, comme la première elle ne se retrouve plus dans la librairie marchande à Rome , où nous l'avons long-temps cherchée. Ce livre existe dans quelques- unes des bibliothèques publiques, notamment dans celle du noviciat des Jésuites. Nous devons à l'obligeance long-temps éprouvée de Mgr. Baldeschi,
(XV) les Trois Pontificaux ( Tre Pontificali) de l'érudit F. Cancel- lieri. Il faut mettre au nombre de ces écrivains , Benoît XIV et le cardinal Bona , qui , ne s'étant pas proposé pour uni- que but les rites usités dans les fonctions papales , ont ce- pendant touché , dans leurs mémorables ouvrages , à une foule de questions liturgiques qui s'y rattachent.
Dans la seconde catégorie il faut ranger les traités parti- culiers d'un grand nombre d'écrivains , tels que plusieurs ouvrages spéciaux d'Angelo Rocca , cité plus haut ; de Carmeli (1), de Ciampini(2), de Cenni(3), de Fivisanni (4), de Moraès (5), jésuite portugais; du cardinal Garampi, au- quel nous devons un Traité complet des Tiares pontificales ; de Samelli, dont les Lettres ecclésiastiques ^ plusieurs fois réimprimées, attestent le mérite. La liste des auteurs ita- liens qui ont écrit sur ces matières, serait presque inépui- sable; leurs ouvrages formeraient à eux seuls une biblio- thèque considérable ; on peut s'en convaincre en parcourant , à Rome , les rayons de celle du couvent des Dominicains et de celle des Augustins , qui nous ont paru les plus riches en livres de liturgie papale.
Si on groupait autour de ces écrivains qui se sont plus particulièrement occupés de rites sacrés usités dans les fonc- tions apostoliques, les Papes à qui nous devons les Consti-
chaDOÎDe de Saint-Pierre , l'exemplaire que nous avons en notre possession. Cet ouvrage otîre cet avantage, qu'il dispense d'un grand nombre d'autres, écrits sur la même matière, parce qu'il présente , outre de curieuses notions historiques, les opinions les plus accréditées de divers auteurs, et de pré- cieuses indications bibliographiques.
(1) Sopra Vuso di bacciare i pedi al Papa; nelle sue Dissertazione fiiologiche, etc. 1 vol.in-4.o Rome, 1768.
(2) Dissertatio historica : an Pontifex romanus utatur haculo pas» torali. {Vome, I690,in-4.o
(3) De Osculo pedum romani Pontificis.
(4) De ritu sanctissimœ Crucis romano Pontifici prœferendœ , commentarius, 1 vol. in-*.© Rome , 1592.
(5) De Ornatu summi Pontificis.
(xy, ) tutions qui règlent et expliquent ces rites , les auteurs qut ont traité de l'élection des Pontifes romains , ceux qui ont écrit la volumineuse Bibliothèque des Conclaves y les orateurs qui ont prononcé des discours , pour la plupart conservés , soit avant l'élection , soit à la mort d'un grand nombre de Pootifes, on serait effrayé en considérant le nombre des volumes que nous devons à l'infatigable sagacité des auteurs italiens.
L'Église de France, qui, dans toutes les questions de liturgie générale , revendique pour elle tant d'écrivains émi- nents, n'a guère qu'un petit nombre d'auteurs à opposer à cette phalange. Citons comme le premier de tous, le plus savant des religieux, que Rome même nous envie, l'illustre Mabillon , à qui les sciences ecclésiastiques sont redevables de tant de précieuses découvertes dans les an- tiquités sacrées, consignées dans les Dissertatiom sur ks Ordo romains (1) ; les évêques de Saussai (2) et Suarès (3); l'oratorien Cabassut , qui a écrit sur l'élection des Pontifes romains et des Cardinaux ; le savant jésuite Garnier (4) , collègue et émule de Mabillon ; l'avocat-général Bignon , à qui nous devons encore un Traité sommaire de l'élection des Papes; le cardinal d'Ailly, qui a écrit aussi sur la même matière (5) , etc.
De tous ces écrivains , les plus récents remontent au dix-
(1) Musœum Italicum, seu collectio veterum scriptorum è bihlic thecis Italicis erutum. 2 vol. in-4.o Paris, 1687, 1689, 1704.
(2) De summi Pontificis deosculatione pedum,
(3) De FlahelUs Pontificiis. Vaisoo, 1662. 1 vol. iD-4.o— Nous devons encore à ce Prélat une dissertalioo intitulée : De Crocea veste Cardinal lium in conclavL
(4) Liber diurnus romanorum Pontificum , ex antiquissimo codicô M, S. nunc primiim in lucem éditas , cum notis et dissertât ionibuS' 1 vol. in-4'> Paris, 1680.
(5) De Electione summi Pontificis , speçtante ad coltegium Cardi-* nalium.
( XTO )
huitième stôde j et qœlqaes-uns au seizième. Or , depuis l'une et l'autre époque y divers changements ont été intro- duits dans les cérémonies apostoliques. Dans ces derniers temps y Clément XIV et Pie VI ont modifié plusieurs ancien- nes coutumes , et^ de nos jours , Léon XII avait voulu faire revivre l'antique usage des stations , depuis si long-temps tombé en désuétude. Toutes ces. richesses d'érudition ecclé- siastique , où l'on retrouve l'antiquité sacrée presque en en- tier, sont éparses dans de volumineuses collections que possèdent seules les bibliothèques de Rome ; la plupart de ces précieux ouvrages ne font plus partie du commerce de la librairie ; ils constituent comme un domaine exclusif rér serve aux hommes d'étude qui habitent la métropole de la chrétienté.
Réunir en un corps de doctrine et dans un ordre mé- thodique y à l'aide d'une table indicative , toutes ces doctes recherches , en les classant cependant dans Tordre alphabé- tique y et faire ainsi passer sous les yeux des lecteurs tous les faits qui se rattachent aux rites sacrés de la Uturgie papale , depuis les temps apostoliques jusqu'à nos jours ; était une œuvre aussi utile qu'honorable pour celui qui l'a f^treprise. M. Moroni a judicieusement étendu ses recher- ches; il a rattaché au plan de son Dictionnaire j qui embrasse l'histoire de la papauté et celle des institutions qu'elle a créées à Rome , les liturgies catholiques y les hérésies y les conciles^ les ordres religieux, les corps ecclésiastiques et civfls , tous les dignitaires faisant partie de la cour papale^ les collèges, les tribunaux, les basiliques, les collégiales ^ ainsi que les administrations romaines. Les hommes les plus éminents par leur science et leur dévouement à la Religion, qui ont appartenu aux diverses nations de l'Europe, y sont mentionnés ; les Ueux célèbres par les souvenirs religieux qu'ils rappellent, trouvent encore leur place dans cette lon- gue galerie; enfin, l'histoire abrégée des principaux sièges de
( XVIII )
la catholicité , des Évoques qui les ont occupés, sont autant d'éléments de cette importante collection. L'auteur justifie pleinement le titre de son ouvrage , qu'il a intitulé : Dic- tionnaire d! érudition kistorico - ecclésiastique ^ où Fan traite de rÉglise catholique et de la cour de Rome,, depuis saint Pierre jusqu'à nos jours (1).
Au point de vue de la critique , les opinions les plus accréditées , les maximes les plus sages , les faits histori- ques les plus incontestables, sont toujours mis en relief; les auteurs sont indiqués dans les divers articles , et Fintitulé de leurs ouvrages y est reproduit ; de sorte que le lecteur peut remonter aux écrivains originaux , et jeter ainsi de nouvelles lumières sur l'objet particulier de ses études. On aime à voir comment sont jugées à Rome nos grandes célé- brités ecclésiastiques, quels éloges on leur décerne. L'intérêt devient plus vif lorsque les événements historiques , aux- quels des personnages politiques sont mêlés, se rapprochent de nous, et qu'il faut parler de certaines réputations contem- poraines , ou apprécier les circonstances mémorables dont la ville de Rome et les Ëtsfts romains ont été le théâtre sous le règne de Pie VI et de Pie VU. Tel est le Dictionnaire de M. le chevalier Moroni , dont plus des trente premiers volu- mes ont paru.
Il est impossible que dans un ouvrage aussi varié , tous les articles aient été traités avec la même étendue ; cer- tains ne nous ont pas paru suffisamment développés, dans les premiers volumes en particulier. L'importance de ce Dictionnaire^ nous le pensons du moins, exigerait quelques réimpressions partielles, qui pourraient faire partie d'un supplément; dès-lors cette œuvre d'érudition et de patience,
(1) Dhionario de erudizione storico^cclesiastica risguatdante la Chiesa cattolica e la corte di Roma da S. Pietro fino ai nosiri giùtni. Opéra compilata da Gaetano Moroni, romano, primo aiutante di caméra dl Sua Sanlita.
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cette laborieuse compilatioo^ fruit de longues amiées de tra* vaux et de recherches, acquerrait encore un nouveau mé- rite. Ajoutons que depuis Paride de Grassis^ maître des cérémonies de Léon X^ et Angelo Rocca, aucun dignitaire de la cour romaine attaché à la personne du Pontife suprême ^ hsdbitant les palais apostoliques pour y remplir les devoirs de leur charge^ n'a publié un ouvrage sur les rites sacrés usités dans les cérémonies papales. La position personnelle de M. le chevalier Moroni donne donc au Dictionnaire d'éru- dition historique une espèce de sanction, et comme un carac* tère normal qui ajoute un puissant intérêt à Futile entreprise que nous désirons voir bientôt terminée. Quand elle le sera, nous ne doutons pas qu'une traduction française, ou tout au mdns un abrégé de ce Dictionnaire, comme on l'a d'ailleurs annoncé (1), n'ait en France un succès suffisamment justifié par cet attrait puissant qui entraîne les esprits vers les étu* des religieuses dont Rome chrétienne est l'objet. L'ouvrage de M. le chevalier Moroni restera comme une œuvre émi- nemment utile à la Religion, à l'Église romaine et aux let- tres chrétiennes. Sous le rapport de l'exécution matérielle , c'est une des plus grandes entreprises bibliographiques exé- cutées en Italie depuis bien des années.
Le livre que nous publions aujourd'hui n'est que la tra- duction, quelquefois abrégée, de l'article Chapelles papa- les , du Dictionnaire de M. le chevalier Moroni. Cet article forme à lui seul un volume in-8.** de 407 pages , imprimé sur deux colonnes, en petit -texte. En écrivant pour des lecteurs français , nous n'avons pu le faire qu'à la condition expresse d'ajouter à la traduction des Chapelles papales de l'auteur italien, des explications en forme de notes, qu'il était inutile pour lui de donner, parce qu'elles sont l'objet d'autant d'articles de son Dictionnaire^ ce qui était une su-
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perfluité pour lui , devenait une nécessité pour nous. Ainsi donc, les notes sont souvent comme des corollaires ou appendices obligés du texte ; elles sont plus particulière- ment l'œuvre du traducteur. Nous avons pris pour guide M. Moroni lui-même ; mais quand les volumes de son Dic- tionnaire inachevé nous ont fait défaut, nous avons été obligé de recourir aux auteurs originaux; Bonani, Novaes, Canceliieri, Mabillon, et quelques autres que nous indi- quons, nous ont permis de suppléer à l'absence du guide éclairé que nous avions choisi. Quelquefois nous avons rap- porté ce que nous avons vu nous-même, et nous devons, pour ce qui est plus particulièrement notre œuvre, récla- mer l'indulgence du lecteur.
Il est impossible de décrire les cérémonies des Chapelles papales, sans faire passer sous les yeux du lecteur la nom- breuse hiérarchie des dignitaires de la cour romaine. Indi- quer les fonctions qu'ils remplissent, soit dans l'État, soit dans l'Église, et parler ainsi, à propos de cérémonies ec- clésiastiques , d'administration religieuse et civile , eût été satisfaire , sans doute , une juste curiosité ; mais il était impossible de le faire en quelques lignes, à cause de l'ex- trême complication des formes extérieures du gouverne- ment pontifical.
De longs développements sur les institutions civiles n'en- traient pas dans le cadre que nous nous proposions de remplir; dans quelques cas très-rares, dont le lecteur sera juge , nous avons très-brièvement expliqué les ÎTonctions de certains dignitaires.
Tels quels , l'ensemble de notre traduction et les notes qui la suivent, présentent, nous le croyons au moins, un tout complet, qui embrasse la vie entière du Pontife ro- main , depuis le moment où il commence cette vie de sévère et religieuse étiquette , cette existence d'abnégation et de sacrifice, pleine de sollicitude, alors qu'il se fait le
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serviteur des ^rviteurs , et qu'il cesse de s'appartenir à lui-même pour appartenir aux autres ^ jusqu'au moment suprême où, pasteur vigilant, il va rendre compte au sou- verain Maître de son administration. Nous le suivons encore au-delà du tombeau, en feûsant connaître les cérémonies et les prières prescrites pour lui par l'Église romaine. Dans l'ordre des fêtes de l'année, nous décrivons toutes les Cha- pelles papales^ depuis la Circonasion jusqu'à la fête de saint Jean l'Évangéliste' : il est donc difficile que quelque chose nous ait échappé dans les diverses phases de la vie du Pontife suprême, considéré dans Veooercice de ses fonctions
Nous ne sortons pas du cercle liturgique, et s'il nous arrive dans les notes de faire quelque courte incursion dans le domaine de l'histoire, il est aisé de voir que les docu- ments reproduits se rattachent au sujet principal. C'est ainsi, par exemple, qu'ayant à parler des anciennes mitres de la siiacristie pontificale, des tiares de Pie VI et de ses prédéces- seurs, il était naturel de rappeler les déplorables événe- ments qui forcèrent cet héroïque Pontife à les sacrifier à sa sûreté perspnnelle et à celle de ses États. C'est ainsi que nous avons emprunté encore au Dictionnaire de M. Moroni quelques détails curieux et peu connus sur les dernières négociations relatives au Comtat Venaissin, au sujet des protestations du Pape contre les portions aliénées de ses domaines, renouvelées chaque année aux fêtes de saint Pierre et de saint Paul. La gloire de nos armes et le sou- venir de nos conquêtes ne doivent pas nous faire oubUer qu'à ç6té de quelques biens , ont surgi , pour l'Italie , de 1798 à 1814, de grands maux. Toute la sagesse des Papes, depuis le pontificat de Pie VII jusqu'à celui de Grégoire XVI , ne s'est appliquée qu'à développer les germes du bien , et à détruire les traces, quelquefois trop fortement empreintes, d'une occupation accompagnée de circonstances calamiteuses.
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Nous avons cherché à donner à notre travail on intérêt ixmveau, et qui se rattache au glorieux règne du chef actuel de la chrétienté. LÉglise de France resserre de plus en plus les liens déjà si étroits qui l'attachent au saint Siège ; elle veut les rendre plus intimes en les cimentant, non- seulement par la plus respectueuse soumission et la véné- ration la plus profonde , comme elle s'honore de l'avoir fait , mais encore par des rapports d'un autre ordre , dont le ré- sultat inévitable est de contribuer efficacement au plus grand iMen de la Religion. Le Pontife qui enseigne FÉglise uni- verselle , n'a pu voir , sans que son cœur en éprouvât une secrète satisfaction , les nombreuses migrations de prêtres français qui n'ont plus voulu rester étrangers aux merveilles de la cité éternelle ; ils ont ouï raconter que le Pasteur sii- prême aimait à voir réunis sous sa houlette et les brebis et les agneaux, que le Pontife universel n'avait que de paternelles bénédictions pour tous ses enfants : pleins de confiance , ils ont été chercher la double part qui leur en revient, comme pèlerins catholiques , et comme prêtres de Jésus-Christ , heureux de déposer aux pieds du souverain Pontife l'expression de leur vénération filiale. Associés plus directement au glorieux apostolat du successeur de Pierre , nos Évêques , descendant de leur trône et franchissant les distances , ont été aussi dans les palais apostoliques mettre leurs hommages aux pieds du Pontife couronné; là ils ont pu déposer dans le cœur du Père commun des fidèles les soucis de leur épiscopat , les espérances qu'ils peuvent con- cevoir, les oraintes qui les préoccupent; comme aussi s'en- tretenir des graves intérêts de la Religion et des besoins de leur Église en particulier, invoquer les hautes lumières du représentant de Jésus * Christ > et solliciter, enfin, ses grâces et ses faveurs pour eux-mêmes , cdmme pour cette partie de l'Église de Dieu qu ils sont appelés à régir. Ainsi ces antiques liens que les vicissitudes des temps semblaient
( xxm ) avoH^readusmoiDS étroits^ se sont renoues; ainsi ce pieux pèlerinage au tombeau de$ saints Apôtres^ que FÉglise ro* Bsaine aime à voir entreprendre , ces rapports entre le chef de l'Église universelle et les Évêques de France, cimentés^ d'un côté ^ par TeSusion d'une auguste et paternelle bien*- veiUance, et de l'autre^ par la plus touchante manifestation de confiance et de vénération , sont venus consoler le cœur du Pontife-, qui est assis avec tant de gloire pour son nom et d'utilité pour l'Église, sur le trône apostolique. Dans sa suprême bienveillance, il a voulu décerner le titre d'Évêque ^ axsistmit au trâne à ceux des Prélats français dont les émi- nentes vertus et les services rendus à la Religion justifiaient cette distinction, comme à ceux que Tintérêt de leur Église, leurs sentiments de dévouement filial et leur fidélité aux andennes traditions ont appelés auprès du successeur de Pierre.
'^-Une note explicative oà sont relatés les anciens privilèges des Évêques assistants , et où le bref qui institue ces digni* taires est reproduit en entier , se rettacbe , comme on le verra, aux cérémonies communes des Chapelles papales, où ordinairement le Pape nomme Évêques assistants quelques- uns des Prélats présents à la fonction. Cette note fait connat*- tre le nombre des Évêques français nommés assistants ^ et le nombre total de ces dignitaires. Nous nous sommes attaché à rédiger avec un soin particulier, la note sur le conclave, qui complète ce qu'il est utile de savoir sur Télectioa du Pontife suprême , et nous avons évité de répéter certains détails plus connus, pour insister sur ceux qui Tétaient beaucoup moins ; nous avons essayé de reprodm're le plus clairement possible le manuel des opérations du scrutin , que nous avons trouvé exposé confusément dans plus d'un ou- vrage de renom. Nous pouvons tenir le même langage au sujet des insignes et ornements dont l'Église revêt son auguste chef dans les grandes solennités catholiques; on
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en trouvera rénumération complète et rexplicalion clans. jiç texte ^ et dans la note qui lui sert de corollaire* U est i;^ grand nombre de faits qui se lient à la propre personne du souverain Pontife , aux cérémonies ou coutumes des palais apostoliques^ ignorées des lecteurs français , que la nature 4iu sujet nous a amené à traiter avec brièveté dans plusieurs notes, soit à propos des bénédictions du Pape, soit à prp- pos de certaines prérogatives qui lui sont propres , ou 4ç plusieurs cérémonies célébrées dans les chapelles secrètes d^i Vatican ou du Quirinal.
On trouvera , dans le texte des Chapelles papales et la npte complémentaire sur les procès de béatification et de cono^iîsar iion y ce qu'il importe le plus de savoir sur cette difficile. !!%• tière. Mous rappelons l'intérêt actuel qu'ont divers diocèsas de France à obtenir du Siège apostolique l'auguste sanfi^flu qu'ils sollicitent en faveur de plusieurs serviteurs de J)ieu, décédés dans l'exercice des vertus chrétiennes ; leurs npu)^ sont classés dans la note , d'après des indications émai^^ de la congrégation des Rites. On n'attache pas en généi:^ assez d'importance aux procès faits dans les diocèses .|^ l'Ordinaire ; les défauts de formalités qui s'y glissent ret^r r dent démesurément les formalités exigées pour procéd^j à Rome, aux informations ultérieures, et arriver à la.fiaqiiô l'on se propose. Il est permis d'espérer que l'auguste Pontife qui , en présence du prince le plus puissant de r£uropft.> vient d'ajouter une si belle page à 1 histoire de la papauté 9 terminera peut-être son glorieux règne en décernant les honneurs solennels de l'apothéose chrétienne à plusii^uqs serviteurs de Dieu ,