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UËHOmES

OB LA

SOCIÉTÉ IMPÉRIALE

D'AGRICULTURE

DE SCIENCES ET D'ARTS

SÉANT A DOUAI

(DettooMMie Séue.

TOME IX.- isae-iae?

DOUAI

LUCIEN CREPIN, ÉDITEUR Zmftïmut >tt Satu'lM •(iniliBi|tt(« et iiuûauts it B0Ut.

99, ftVI DK U lUDIUlllB* S3.

1868,

PROGSS-VEBBAL

DE LA

SÉANCE PUBLIQUE

mus A DûiiAI, U DiMANGHE 10 NOVgHBBS im.

PRKSiDENCfc: DE. M- CUHNK PKUE.

L'an 1867, le 10 novembre, à une heure de l'après midi, la Société Impériale d'Agriculture, Sciences et Arts, et le Gomioe A||;ricole de Douai, ont tenu leur séance publique dans la grande salle des fêles de THétel-de- Ville, mise gra- cieusement à leur disposition par la Municipalité.

Prennent place au bureau : MM. Corne père, Président de la Société; Preux fils, Secrétaire-Général ; Vasse, Secré- taire du Comice ; Maugin , i Secrétaire-Adjoint.

Etaient présents : MM. Fleury, Recteur de l'Académie; Asselin, Maire de Douai ; Desjardins, Doyen de la Faculté des Lettres, et un grand nombre de membres honoraires et résidants de la Société; MM. Lambrecht, Député de Tar-

rondissement ; de Bouteville, Coiiseiller-Général ; Patoux, Maire d Auiche, et de nombreux autres membres du Comice Agricole.

La population douaisienne avait témoigné, par son em- pressement à assister à cette séance, l'intérêt qu'elle prend

aux travaux de notre compagnie, et un auditoire d'élite se pressait dans la salle.

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M. le Président ayant dédaié ]a eèance ouverte, a pra- noDcé une allocution qni a été fiirt applaudie,

MESSiBuas.

Cette Béanoa annneile de notre Société, tire son pins haut intérêt de la distribution des récompenses aux propriétaires ruiauz, aux cultivateurs, aux agents et serviteurs agricoles

qui, au concours du comice, les ont méritées par leurs soins, leurliabilité, leurs succès dans le» diverses branches de l'éco- nomie rurale. Ce jour est véritablement pour notre contrée la fôte de Tagriculture.

Mais les fûtes de ce genre, à Douai, jl faut bien le cons- tater d'après l'expérience des dernières années,) se pas- saient un peu trop eu famille, daus notre paisif)le et soli- taire oasisdujardindes plantes. Cette année, 1* Administration municipale en mettant obligeamment à notre disposition les salons de l'Hôtel-de- Ville, et un public nombreux, un public d'élite, en voulant bien répondre à notre appel, ont rendu à cette solennité toute la vie, tout Téclat désira- bles.

Si c*est chose louable que d'honorer comme elle le mérite Tagriculture, n'est-ce pas une entreprise à un certain point scabreuse que de faire encore, de l'agriculture, le thème d'une allocution, si courte qu'elle puisse être ? Ici même plus d'un de ceux qui me font l'honneur de m'écouter, de trop bon gout pour dire que c'est un si^et banal, vieilli et épuisé, au dedans inclinent à le penser sans doute.

Eh! bien, j'ai destius, je le confesse, une conviction toute contraire ; il y a des sujets qui ne vieillissent pas, qui incessament se présentent, selon la marche des faits et des idées, sous des aspects nouveaux et rajeonis, et qui ouvrent

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loajoon à U pensée de plus latges hornons. Ainsi est il de ragrîculture, qui tonche de si près aux sources mêmes de

la vie des peuples. Dans l'étrange mouvement qui de nos jours eiitraiiie et modifie toute chose, ra^riciiltme se mon- tre à nous transformée et agrandie. De question technique qu'elle fut longtemps, elle se pose a^iourd'hai comme question sociale.

l'n antai^onisnio dont les conséquences peuvent être re- doutables, antagouiiiiue à peine eutre\*n dans le passé, s'ac- cuse fortement denosjonre entre la vie et le travail agricoles, et la Tie au sein des villes, le travail appliqué aux manufac- tures, aux arts, aux professions libérales. CSependant Téquilibre entre ces deux modes d'expansion de Tactivité Immaine , et, l'état normal des sociétés, ne peut être rompu, sans qu il n'y ail malaise, déperdiUou de lorce et do richesse publiques.

Bh ! bien, à notre époque, on reconnaît à pins d'un signe

que rélénienl agricole fléchit, et perd du terrain dans sa lutte contre 1 élément rival.

Au fond, l'agriculture est une iudoatrie ; comme à toute industrie, il lui faut la science , le capital, les bras; il les lui faut d*une façon d'autant plus impérieuse, qu'elle est la

manufacture par excellence ; en France elle a, pour matière première à mettre en œuvre 54 millions d'hectares, pour agents directs 25 millions d'hommes, et pour mission pro- videntielle le pays tout entier à nourrir et mille industries à pourvoir de leurs éléments essentiels.

En réalité noire agriculture est-elle snilisamnient dotée de ses moyens d'action? Trouve-t-elle chez les populations qui lui sont vouées l'instruction nécessaire, l'instruction générale et spéciale? réunit^lle tous lee capitaux que ses

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innombral)les eti dispendieuses opérations reclament? Dis- pose-t-elie de tous les bras dont elle a besoin? d'un autre côté le oouiani des idées, l'influence toute puissante des mœurs, sont ils en se faveur et lui viennent ils en aide?

Sur loutes ces questions, c'est « non n (ju'il faut rcpondre, de l'avis de tous les hommes obsenateurs attentifs des laits.

La pénurie de bras pour les travaux agricoles, rémigra-

lion des campa-in - vers les villes uut été souvciU (iéplorées dt; injs jours par les ecouoinisles, je ne ferai (]u'(-nicurer ce côté de la question, et œ sera pour rappeler le sérieux aver- tissement qu'à cet égard la statistique nous donne : £n ôinq ans, dans l'intervalle d'un recensement à l'autre, tandis que les grandes villes attiraient à elles des habitants nou- veaux par centaines de milliers, cinquante quatre dépar- tements essenliellcinent agricoles voyaieiU leur population décroître dans de lortes proportions. Le plus éprouvé de tous, la haute Saône, perdait 36,000 âmes, un dixième de sa population.

Circonscrit daus un court. espace do temps, je n'examine- rai pas les causes multiples de cette atliigeante désertion des campagnes, au profit des villes. Mais je toucherai quelques mots de ce qui me semble la cause essentielle, la cause profonde du mal, je veux diro Tinfériorité ou tombe de plus en plus le village, si on le compare à la ville, sous le rap- port do toutes les aisances, et de toutes les ressources de la vie matérielle et de la vie morale aussi. J'eupaileraisaus crainte de faire prendre en dégoût les champs à ces agriculteurs d'élite venus ici pour recevoir le prix de leurs vaillantes lut- tes contre les difficultés de tout genre, j'en parlerai en homme convaincu qu'il est toujours bon de dire et de re- dire a Le mal est là,» parce que l'attention publique en éveil

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68t le meilleur achemineinent vers toate amélioration,

qu'elle doive venir dos mœux-s bociales, ou de rinitialive des bauls pouvoirs de l'état.

Les villes sont les privilégiées de la civilisation; à une époque surtout comme la nôtre la recherche du bien être est universelle, ardente, peu de gens restent insonsililes aux attraits de la vie urbaine. Je laisse de côté ce qu'elle donne, on promet, aux classes riches; même pour le grand nombre, pour la masse des travailleurs, je vois dans les villes les difficultés de l'existence individuelle ou de famille singu- lièrement aplanies on adoucies. Crèches, asiles, écoles de tous les déprrés, et pour toutes les apitudes, institutions de patronage, de iiecours mutuels ou d'assistance publique; soins constants de salubrité et d'hy^MÔne, secours prompts et gratuits de la médecine, h domicile ou dans les hôpitaux, enfin pour les infirmités et la vieillesse des refuges assurés, vdlâ ce que les plus pauvres et les plus déshérités trouvent au sein des villes. Au village, au coiitialre, que voyons nous? Exception faite de quelques riches communes dans des dé- partements hors ligne toi que le nôtre, à côté des plus rudes labeurs, nous trouvons l'absence presque absoluederessour- ces, laprivation de tout cequipourai tveniren aideàla&iblesse et à la souffrance. Ce dénûment , le campagnard d'habi- tude sait le prendre en patience, aussi longtemps qu'il peut compter sur sa vigueur. Ses instincts plus près de la nature que les nôtres, un secret amour des champs, des moissons, du ciel sans bornes il voit le soleil se lever et se coucher chaque jour, enfin Tair pur qu*il respire à pleins poumons semblent le dédommager de tout ce qu'il lui manque. Mais quand 1,1 maladie ou les infirmitils l'atteignent, toniltien misérable et iulérieure à celle des habitants de la ville, est

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sa condition ! Sur sa triste ooache, c'est à peine s'il peat espérer qu'un m^ecin de loin en loin le visitera; les médi- caments sont à la ville ; qui ira les lui cherober? qui les

paiera pour lui? à son chevet, il n'aura jamais une de ces admirables sœurs de charitô t[ni sont la providence de l'indigent des villes. Un jour ce robuste laboureur» vaiucu par Tâge n'est plus qu'un débile vieillard. S'il n'a rien amassé, (et c'est le plus souvent son lot) à grand peine trouve-t-il sous un toit étranger ou ches des parents, indi- gents comme lui, un misérable abri oii il achève de s'étein- dre, avec le sentiment amer <jiie sa nu ni ne marquera que comme le terme d'une hospitalité onéreuse. Faul-il s'éton- ner que le village compte un grand nombre de déserteurs, quand à ia ville on espère un travail moins rude et plus de jouissances, et quand on est sûr d'y trouver tout ce qui rend moins redoutable le poids des infirmités et de la vieil- lesse?

Si Tezploitation du sol, cette iouienBe manufoctnte de- mande impérieusement des bras, la puissance des capitaux

ne lui est pas moins nécessaire, à ce point de vue encore à quelle distance elle reste en arrière des industries qui s'exercent dans les villes ! Tandis que celles-ci, quoiqu'elles inventent dans leur ardeur fiévreuse, trouvent la comman- dite toujours prête à les servir, et qu'elles semblent n'avoir qu'à frapper la lerre, pour en faire sortir des millions, com- bien sont timides les capitaux, qu m 1 1 s aLritdc s'engagera la suite même des cultivateurs les plus expérimentes qui, aidés à propos, accroîtraient singulièrement la production du sol et la richesse publique 1 Nous savons tous les avances qu'une agriculture, en voie de progrès, réclame pourlesdes- sècbements, l'irrigation, le drainage, le défiicbement des

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landes et bruyères, les engrais de toute nature, l'emploi en grand de la chaux <iul fail des prodiges dans les pins mau- vais sols. Et cependant pour ces opérations si utiles, les ca- pitaux et leerëditse resserrent. Uagrieulturepresqne partout

ne vit guère que de l'ép'Liu'iic du petit pioin u Uure rural et du feiniicr. Daus nos mœui-s trop iudifférenleii à tout ce qui touclie le travail et la production agricoles , il n'e^t pas rare de TToir mésœ le possesseur de grands domaines , n'avoir d'au- tre souci, au siget de sa terre, que de la bien louer. Sa for- tune mobilière, il rengagera, sans hésiter, dans l'industrie; il la rià(|ueradau» mainte spécuialiou aU aloire; et il croirait faire une mauvaise opération, s'il eu appliquait une partie à seconder les efforts du fermier iutellii^'ent et courageux qui le supplée dans ie soin et le devoir de mettie sa tene ea mleur. Triste anomalie ! Nous yoyoos une part oonsidé- raUe de la fortune publique se disperser et s'anéantir dans des affaires inventées tout expi'ès [ oiu alimenter le jeu de la bourse, et l'a^Ticulture, iiieieet nourricière des liuuiiètes industries, l'agricuiture ne rencontre d'habitude chex le posoessear de capitaux que dédain ou défiance.

Au point de vue de Tinstruction soit générale, soit pro- fessionaelle, combien est sensible encore l'infériorité les campagnes sont retenues! à la ville, toutes les ressources pour la culture intellectuelle abondent. Une sollicitude éle- vée où se combinent le zèle religieux, l'esprit libéral et la prudence administrative veillent soigneusement à ce que la nourriture de l'esprit ne manque à persoune, qu'elle soit du moins à la portée de tous. A la ville, sans diiiicultt^ à surmonter, sans fatigue, sous ToBil même des parents, Tcn- iîmce rencontre l'asile d'abord, puis l'école primaire toor jours distincte pour les deux sexes et dans les meiUeusea

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' conditions. Mais si nous regardons du côté des campagnes,

voici ce que nous montre une aiiligeante statistique. 1018 communes rurale toute école est eucoro inconnue; 10,119 viUages, l'école est installée précairement, im- parfaitement sous le premier toit venu qui s'est trouvé à louer; 18,147 communes qui manquent d'école distincte pour les fiUes, et comme résultante d*un si triste état de choses, 600,000 enfants, un huitit'me de la jeune géné- ration, absolument dépourvus des premières éléments d'in- struction.

Ne perdons pas de vue d'ailleurs qne dans hon nombre

de villages, alors même qu'il s'y trouve une école, une foule de pauvres enfants n'en peuvent profiter que lorsque le temps est beau, le printemps venu et le sol ratiermi. Hormis ces beaux jours, trop rares dans nos climats, combien de fois la pluie, la neige, la tourmente, des chemins fangeux et quasi impraticables, des distances de plusieurs kilomètres à parcourir, emi>èchent absolument les enfants des chau- mières épar?^L'- Il »in du contre de venir à l'école ! Leurs noms cependant ligurent sur la liste des écoliers, et lont nombre. £n réalité ceux-là sont condamnés à former ce triste fonds de tant de milliers de jeunes gens qui à 20 ans se rappellent bien que dans leur enfonce, de loin en loin, àbâtonsiompus, on leur a enseigné quelque chose, mais qui en définitive interrogés sur ce qu'ils savent , répondent avec trop de vé- rité : « Mettez que je ne sais ni lire ni écrire. »

Je viens de toucher à la grande plaie de nos campagnes.

Oh! les chemins de villages! quelle cause d'infériorité, d'ignorance, et de misère matérielle et morale, pour les hommes de champs ! £n ville, parfois on ne dit pas trop de bien du pavé raboteux, des trottoirs disjoints; encore

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trouve-t-oli loujours moyen d'aller à ses devoirs, a srs a sV li- res, d'eutretenir ses relations, de jouir eutia de louLes les ressources de la sociabilité, sans perte de temps, sans eu- oombie,8ai]8 g&tëràfond ses vêtements, sans risquer sa santé. Dans combien de villages au contraire, au milieu des boisi des marabou des gorges de moutagnes, le campagnard ne se voit il pas condamné par le détestable étal des chemins à tout espèce de malaises et de privations, à l'isolement, je pourrais môme dire à une sorte de retour vers Tétat sau- vage! aussi a-t-on applaudi de toutes paris à la parole du chef de l'état lorsqu'il a exprimé le ferme dessein de faire que les campagues aient enfin leur tour, que désormais les rues et chemins des vilia^^es soient mis dans de bonnes con- ditions de viabilité, il y a là, en germe uu progrès social d'une valeur inappréciable.

Mais je n'ai fait qu'effleurer ce qui a trait à Tinstraction. Que de ehoses il me leslerait à dire sur l'enseip^nement spé- cial, sur le haut enseignement! à ce double point de vue, tandis que la science est si libéralement offerte à toute la jeunesse appelée à la vie urbaine, à ceux, qui se destinent aux arts, aux professions libérales, à la vaste carrière des emplois publics, du côté de la vie agricole, quelle indigence, quel dénûment ! Oh î je sais l)ien que vide si regrettable laissé dans nos campagnes par l'absence presqu absolue d'enseignement professionnel de l'agriculture préoccupe des hommes haut placés, et qu*il ne tiendra pas à eux, qu'un jour le jeune villageois ne recueille dès l'école primaire les plus indispensables notions de la science qu'il doit mettre en œuvre toute sa vie, de ce côté, le remède au mal est du moins entrevu, espérons le.

Mais le haut enseignement agricole, il n'a pas cette

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même chauce. Il a ie passé contre iui, et il ne lui est fait au- cune promesse d'avenir. I^e courant même de Topimoa ne semble guère en sa faveur. Que de fois n'avons nous pas entendu dire à ce sujet des choses comme celles-ci : «t pour être bon agriculteur, il faut être aux champs. La vé- ritable école d'agriculture pour les fifsi du fermier, c'est la ferme paternelle. Ce ne sont pas les savants qui enseig- nent à faire de la culture protitable » t

Le temps me manque pour discuter ces axiomes et sépar<?r de ce qu'ils ont d'empirique et d'exagéré la part de vérité qu'ils contiennent Mais l'avenir agricole du pays ne repoae- t-il vraiment que sur les hommes nés aux champs, et qui se seront âiçonnés à la culture, à Técole de leurs pères, vieux praticiens? Voyons les choses sans illusion, sans opti- nisme. L'agriculture Irançaise on somme n'est pas riche. Il est bon de songer pour elle aux précieux auxiliaires qui lui peuvent venir de la ville. Souvent impuissante pour le pro- grès, par Texéguité des ressources de ses agens ordinaires, elle attend heaucoup des grands propriétaires ; ils peuvent lui apporter ce qui lui manque le plus ; la science de IV grouume, celle de l'ingénieur, les vues larges de l'homme, qui a beaucoup vu et beaucoup comparé, mais surtout le puissant levier des capitaux, et cette hardiesse d'entreprise, cette patience pour attendre les résultats, que la richesse rend toi^onrs aisés. Voilà ce que peuvent pour la mise en valeur du sol les grands propriétaires, et ce que font heu- heureusement, plusieurs d'entre eux sur divers points du territoire. Qiui l'un parcoure quelqu'une de ces provinces l'on déplorait naguère une agriculture immobilisée dans ht routine et la pauvreté de ses moyens d'action, la Vendée, certaines parties de la Bretagne, le BouihomMis, le Bcnry,

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!a Soloene, on ost frappé de progrès romanjualiles récem- ment accompli ; à côté de mifièrablas pacages œmmunau^, de champs en frichei ou qui ne Talent guère mieux par i'abeenœ d'amendemento, de fomûre et de labours profonds, on voit de riches cultures, despAturages en bon état s'é- lèvent les plus belles races de bestiaux , ou trouve les traces vigoureuses d'une agriculture savante, perfectionnée qui n'a épargné ni les bras, ni la peine, ni la dépense, Qui a fait cela? à qui est due toute cette renaissance agricole? On répondra en tous citant les noms de grands propriétaires, gens Tenus de la ville, mais qui, aux champs n*on't pas voulu y'wre seulement de la vie douce et élégante du châ- teau, et qui se sont faits, en agriculture, les initiateurs, les maîtres, la pi-ovidence des pauvres colons au milieu des quels ils demeurent une bonne partie de l'année.

Sans aller si loin, chez nous pour ainsi dire, à quelques kilomètres de notre ville, nous avons l'exemple de ce que peut pour transformer une terre ingrate, un homme, une intelli- gente hardie, perséTèrante, aidée de toutes les forces du saroir, de l'industrie et du capital. La plaine de Lens, ce nom nous est bieu connu. Il y a vingt-cinq ans, ce nom là, s'il rapi^elail la gloii-e d'une armée française conduite ])ar le grand Coudé, il servait par contre ù exprimer la stérilité et la désolation. Aujourd'hui le miracle est fait : La plaine de Lens aujourd'hui est un modèle de culture améliorante, elle est désormais conquise à la production savante et riche, parce qu'il s*est rencontré un agriculteur, W de Crombeck (il est bon de proclamer une fois de plus ce nom làl qui voyait juste, qui avait une voLoulé forte et qui disposait de grandes ressources.

Dans notre arrondissement même, M' de Crombeck a

iOClÈtà U AâBlCULTUaE. ftlÏRIB. T. IX. %

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d'honorables émules. Si leurs eftorts el les résultats (}u'il.s ont ultemls souL moais eu saillie, parce qu'ils traitaient une terre moins primitive et moins ingrate, ils ont égalemeat bien mérité du pays, en doublant sur leurs ezploitationB la force productive du sol ; et leur secret, c'était le savoir agri- cole servi par tous les moyens d'actions que leur mettaient eu main la grande propriété et la grande uidustrie.

Dans ma conviction, MM. ces exemples encore trop clair semés sur la surface de la France, seraient bien plus fré- quents, si la grandtî propriété et l'agriculture avaient,

comme T indus trie et les science exactes, leur école de haut enseignement. Oui, si mes vœux pouvaient être exaucés, il y aurait pour elles en France, tout au moins un foyer d'in- struction élevée; elles auraient leur école centrale, leur école polytechnique. Ne pensons pas trop de mal de notre société moderne. Mieux vaut songer à mettre à profit le Ibud de droite raison et d'houuète vouloir (jin ne fait pas plus dél'aul à notre époque qu'à aucune autre. Si parmi les classes privilégiées de la Ibrlune, il y a la jeunesse dorée, des âmes sans ressort, qui ne savent vivre que d'oisiveté, de fantaisie et de plaisirs, il se trouve aussi dans ce milieu de jeunes hommes de bonne trempe, à l'espHt sérieux , ca[)ables de coiii|uendre lamission, le devoir et(Mimênie temps levrai ])onheur du f^^rand propriétabe. (ieux-là, n'eu doutons point, répoudraient à un appel venu de haut, et ne demanderaient pas mieux que de dépenser leur activité, leur valeur intel- lectuelle, leurs généreuses passions au profit de l'art agri- cole, en vue d'accroître le bien être de tous, la force et la grandeur de leur pays. Ceux iraient volontiers, dans une école de haut enseignement agrononiirjuea{)prendre à ferti- liser les domaines paternels \ et ils seraient sensibles à l'bou-

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Bcur d'être un jour dos hommes émhiemmeiu unies, de grands agriculteurs siguaiés à restime, au respect, à la peconnaissaiice publics.

Si noble et attrayant que soit ce sujets il ne doit pas m*en-

trainer trop loin. Je le quitte ou plutôt il me ramène

par uu euchainement d'idées touL naturel à Tobjet direct de cette solennité.

MM. au concours d'Anlches, une chose nous a surtout frappés, la louable communauté d'efforts qui faisait tendre au même but les homiiies des positions et des vocations les plus diverses : cultivateurs, notabilités industiieiies, gi'auds propriétaires, instituteurs ruraux, simples ouvriers des champs , dans une sorte d'émulation fraternelle se dispu- taient les récompenses promises à qui aurait bien mérité de l'agriculture par un progrès, par une amélioration quel- conque, ou par des preuves d' habilité pratique. Rien, comme l'agriculture, largement comprise, n'aide à rappro- cher toutes les classes, à les pénétrer de l'utilité dont elles sont Tune à Tautre. Et vous pensez comme moi, messieurs, que ce n'est point , de nos jouis, le moindre de ses bienfaits.

Eu iinissant, je dois, au nom du comice et de ia société d'agriculture, payer un juste hommage à nos dévoués col- lègues qui, au prix de beaucoup de démarches et de travail ont habilement organisé et dirigé des épreuves nombreuses

ei de la nature la plus variée. Je suis heureux surtout, MM. d'èlre l'iuterprète de vos remerriments à la municipalité et aux habitants d'Aniclies. Par l'accueil empressé qu'ils ont fait au comice, ils ont dignement justihé le choix de leur territoire, comme lice du concours; ils ont gracieusement inauguré ces fêtes de l'agriculture que vous ailes tout à

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rhcure couronner par la prociamation des vainqueurs et la distribution des récompenses.

M. le Président a ensuite donné la parole au Secrétaire- Général. (|ui a rendu coin])te des travaux do la Société de- puis la séance publique du 12 novembre 1865; puis au Secrétaire du Comice qui a retracé les phases diverses des concours agricoles qui avaient eu lieu à Aniche, le 18 août précédent.

Ensuite, MM. Maugiu, Dehaisnes et Desjardins ontlû tour à tour :

Le premier, une notice sur le Valmwet Société littê*

rairo (jui existait à Brunémont près Douai, à la iiu du XVili» siècle.

Le second, des extraits du mémoire qu'il avait consacré dans les solennités de la Sorbonne, aux Relations des Rois

de France avec la ville de Douai avant 4667,

Le dernier, un poème inspiré par l'érection d'une statue au héros Gaulois d'Alise, au Vercingetorix.

L'auditoire a fait à chacun de l es morceaux l'acaieil le plus sympathique, et ses applaudissements répètes ont prouvé le succès mérité qu'ils obtenaient.

Après ces lectures, il a été procédé à la distribution des

médailles et des primes du concours d'Aniche, dans l'ordre indiqué au procès-verbal du 18 août, insère au Bulletin Agricole, Chacun des lauréats est venu recevoir sa récom- pense des mains du Président qui, eu la lui remettant, a toujours trouver d'heureuses paroles à lui adresser.

La beaure est levée à quatre heures,

Sicritaire^énirûl, l* Président,

A. PREUX. H. CORNE.

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DK M. A. PREUX Fils, secrAtaikb-général

SUR LES TRAVAUX DE LA SULIEIÉ

L'historien Suétone, qui é-ait cependant une assoz mau- vaii?€ lanu'uo, rapporte de l'Empemir Titus un beau liait que vous coDuaissez tous : « Ce sage monarc^ue croyait avoir perdu sa jouroèe quand elle s'était écoulée sans qu'il eût fait le bien, sans qu'il se fdt rendu utile à personne. » Faire le bien, être utiles, tel est aussi notre but : Être utiles en unis- sant parles liens d'une intime confhitemité tous ceux qui dans celte ville, dans cet arrondissement, chérissent les di^ii aciious élevées de rinlolli zenre; eu encourageant les efforts individuels vers les progrès de uotre riche agriculture; en propageant les bonnes méthodes et les saines doctrines ; en récompensant selon nos forces,tout à la fois les recherches du penseur, les laheuis du cultivateur et de l'ouvrier, la

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probité et la fidélité du serviteur ; voilà notre propramme. L'avoiis-Dous rempli? Cliarpé par le titre que je dois à l 'affec- tion de collègues trop bienveillants, de tous rendre compte pour la seconde fois des trayaux de notre compagnie, je viens faire, devant ce public d*élite, son exameu de cons- cience ; puissé-je vous convaincre que pendant ces deux années nous n'avons pas « perdu notre journée. »

Toutefois, Messieurs, au moment de dire devant vous, trop brièvement pour elle , trop longuement peut-être pour vous, l'œuvre multiple des membres de notre société,

je me rappelle avec douliMir les vides iioiuln-eux (jui se sont laits dans nos rangs, les eolIèLrues aiinôs qui nous ont élé ra- vis. Permettez-moi doue de leur accorder , à la première page de c^t exposé,un souvenir affectueux et de payer à leur mémoire le tribut de regrets auxquels vous vous associeres.

Pour en être moins directs, (piclques-unsdc ces coups n'en étaient pas moins sensibles. Comment ne pas déplorer la porte de correspondants tels que Delezenne, le savant phy- sicien LiUois',(l ) le baron d'Herlincourt, réminenl représen- tant du Pas-de-Calais; (2) Herbaville , le spirituel chroni* queur des rues d'Arras et des villages de VArtois ; (3) le ba- ron de S' Génois, ce savant professeur de l'Université de Gand, l'ancien archiviste de laTlaudre Orientale, cet homme chez qui l'érudition semblait être une tradition de famille;(4) le baron de la Fons-Méliroq, cet infatigable pionnier qui fouillait avec une incessante ardeur les antiques archives de nos villes et de nos abbayes, et qui après avoir épuisé une

(1) Nommé menibre corrcspomlant dis avanl 1830.

(3) Nommé membre corres^uQdanl le 23 novembre 1832.

(3) Nommé membre correspondant le 13 janvier 1838.

(4) Nootmé menAfe cormpoiidaat 94 iMMmbft 18MK

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de ces mines, transportait ses pénates vers de nouvelles ; (i) Victor Derode, autrefois le précepteur chéri delajeuneBse, le président de la société Dunkerquoise, l'historien élégant de Dunkerque et de Ulle ? (2) Dans d'autres enceintes, d^au-

Ires voix diront d'wuo manière plus dv^ne d eux, leurs mé- rites et leurs talens ; mais c'est ici, c'est dans celle cité <{u'il aimait tant, que doit retentir l'éloge d'un de nos plus chers correspondants, de M. l'abbé GapeUe.

à Douai, le 30 avril 1810, de parents peu fortunés, Louis CapcUc, dès sou en fauce, se li via à l'étude avec une ardeur qu'augmentiiit encore le but sacré <|u'ii se proposait ; car à peine âgé de 15 ans , il rêvait déjà la dignité et les labeurs du sacerdoce. Il les obtint en 1832, et d'abord vi- caire d'Iwuy,puis curé d*Honnecourt, et bientôt de Preux- au-Bois, il déploya dans le saint ministère un zèle, une activité, une charité, dont ses anciens paroissicus ont con- sen'é la tidèie mémoire. Mais In lacilité, je dirai même l'en- train de sa parole, cette chaleur de cœur et de conviction qui font Torateur, unis à ces dons physiques qui le complè- tent, tout l'appelait à répandre la parole divine du haut de la chaire. Mgr Giraud, ce bon juge en matière d'éloquence, le nomma en 18 i'2 uiissiouuairo apostolique. Ppiulanl 15 aimées les habitants de plus de cent paroisses, se pressant dans Les temples devenus trop étroits, ont entendu tour à tour sa v<HX, et quand, en 1857, il devint doyen de St-Gery à Valenciettnes,sa robuste santé était déjà profondément al- térée. Il ne la ménaf^'oa pas cependant davantage et il sacri- lia les forces qui lui rL'stauMil Mans l'exercice de ses louctions sacerdotales. Il a succombé le 7 octobra dernier, vénéré de

(1; Nommo membre correipondani !o 14 octobro I8i2, (2) Nommé membre correspondant le iJ mar» 1646.

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808 paroissiens, pleuré des pauvres et ne laissant que l'ar- gent néce8sure pour payer 868 fanérailles et son tombeau. A. son dernier jour, il s'est encore souvenu de sa ville natale, (1) à laquelle il avait déjà dans deux drconslances surtout donné la preuve de son allachement.

Qui 110 se rappelle la spîendiile procession qui, en 1855, parcourut notre cité, jubilé séculaire du miracli^ dont Tho- mas de CaïUimpré fut le témoin et le narrateur. Elle avait été organisée, créée par notre concitoyen et il fallait son intelligence, son goût artistique» son activité, sa persévé- rance, il fàllait aussi sa foi, pour mener à bonne fin cette im- portante et pieuse manifestation, qui clôturait avec tant d'é- clat les trois grandes journées religieuses dç, notre temps dans ce diocèse. (2)

En 1849 , M. l'abbé Gapelle avait payé une dette de cœur , en retraçant la Vie pleine de bonnes oeuvres de

M. Edouard-Nicolas- Joseph de Forest de Luwarde, don' ia Société avait mis l'éloge au concours, (/était dans une des écoles fondées par cet homme de bien que notre compa- triote avait reçu l'éducation dont il fit un si noble emploi* Nous avions couronné cette œuvre de la reconnaissance et du talent et en 1851 nous nous étions plus étroitement at- taché son auteur. (3'i Heureux, si nous avions pu lui faire prendre place tout à fait parmi nous, comme les Copineau, les Thomassin , les Honoré, qu'aujourd'hui, hélas! nous n'y voyons plus,

(i ) Par son testam«ot« M. Tabbé Capelle a léfoé OD tabteaa de s\ f»leri«

au Daubë? Donai.

(ii hea iultilés séculaires de Notre-Dam>de'<}ràce. à Cambrui. en iêiii ; de Notre-0ameHle-laf-Treille,4 Lilli», en 1834; et du Sainl-SacreneoMe-llirMle* k Douai» en 1855.

(3) Par le titre de Mabracerrevpoiidaiil le tt toùt

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L'flrisience si bien remplie du premier a été retracée dans nos mémoires par M. Goartin, mieux que je ne saurais le faire. à Paris le J 6 janvier 1798, issu d*une famille de magistrature picarde, Àmédée Gopineau avait préféré la

carrière des armes celle de pères. îl entra à l'acro de 17 ans dans Ja niarine inipériaie, et en 1815, il laisail par- tie de cette généreuse phalange de jeunes otliciers dévoués, qui avaient conçu le hardi projet d'enlever l'Empereur de rile d*Aix, à la barbe des Anglais qui le guettaient, et de le conduire aux États-Unis.La Restauration destitua M. Gopi- neau; une circonstance fortuite lui permit de rentreren 1816 dans les cadres de rarnif'o de terre il conquit, après son admission à l'école d État-major en 1819, tous ses grades dans cette arme d'élite , jusqu'à celui de chef d'escadron. Pendant un laps de près de 30 années, il quitta peu notre département et la ville de liUo devenue par son mariage sa patrie d^adoption. Quand, -^n 1848, la mort glorieuse du chef qu'il aimait M) le détermina à prendre sa retraite, il choisit notre ville, pour s'y livrer aux goùls qu'il n'avait jamais perdus : Celui des voyages qu'il satisfaisait du moins dans les livres, celui des fleurs :

Ne nous étonnons pas que ^lars iioit jardinier.

Sa bonté , son caractèra ouvert et affable lui Brent promptement de nombreux amis. En 1852, nous lui avons ouvert noe rangs avec empressement et il fut l'un des mem- bres les plus actifs de noire conunission des jardins ; mais

toutes les associatioiL-s utiles de notre viUl' réclamèrent aussi et oLtiureutune part de son teui[)s, jusqu'au jour, ou après de longues souffrances qu'il dissimulait courageusement, il

(1) Le général Négrier, commandant de la division militaire de l,ine «t doDl H. Copioetn 4l»it l*âide de oamp.

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fut airacbé le 10 janvier 1866 à l'affection de &a lamiUe et à la nôtre.

C'est au contraire par un coup de fondre que M. Tho- massin nous a été enlevé , à peine âgé de 60 ans. Doué du

sentiment arlistiiiuc le plus exquis, latolliiri^iirc d'élite joignant à un ardent amour du beau le talent de lexpri- mer sous ses deux Ibrmes les plus t^levées, l'harmonie et le dessin, notre concitoyen avait visité Rome et l'Italie à 26 ans et dans ce milieu musical imprégné de science et de poésie^ il avait composé, fait exécuter par les premiers sujets de la chapelle Sixtiiie une messe, « empreinte d'un senti- « nient vraiment religieux, tout en satisfaisant aux plus « hautes conditions de l'art. » il) Au milieu de mille compositions diverses auxquelles se prétait la flexibilité de son talent» le grand art, la musique sacrée fut toujours l'ob- jet principal d'aspirations, dont les églises de Douai, de Cambrai, comme celles de Paris et de Bome, entendirent plus d'une fois l'expression Ces études ne sutlisaient j)oint à l'activité de ton esprit et rien de ce qui louche à Tart dans son expression la plus large ne lui était demeuré étranger. Sa demeure était comme un musée, que la piété 6Uale conservera intact et dont il faisait les honneurs avec une grâce charmante et spirituelle. Le 25 juillet dernier, sans avoir presque Ir» itunps île pousser une plainte. Anie- dée-Èmile-Théophile Tliomassin , notre cuiiegue depuis 24 ans, (2) ce membre si brillant de notre commission des arts, succombait à un m^i inconnu.

C'était aussi un esprit plein de finesse et de grâce que

(î) Lettre da curdinal Girai*il. erehevéqoe de Cambrai, du Z jaoYitr 1849. (i) à Dooai. le S) mars 1008* H. Thomaeiia avait m nommé membre r^idantleiijaillettSIS.

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celui de M. Honoré, mort le 5 août 1866 chargé déjà d'an- nées, mais jeune encore par rintulligence et par )e cœur. AiTOcat à 20 ans, il avait pris plaœ parmi nous en 1820.

Trois ans après, les circoiistaiires le séparaient de iiotro compagnie, mais il nous était revenu en 1844 comme membre honoraire. Pendant plus d'un demi-siècle, Adrien- Amé Honoré occupa au bandeau de sa ville natale l'un des premiers rangs, et en maintes occasions les suffrages de ses concitoyens avaient attesté la légitime popularité dont il était ciilouré. Coyseiller iiiuiiicipal, Maire de Douai, mem- l)i*e f*t vite-pi-ésident du Conseil d'arrondisseineni, Bâton- nier de son ordre, il avait eu, de même qu'une des plus grandes illustrations du barreau> le rare privilège de pou- voir célébrer un exercice de 50 années, et il avait vn alors une distinction méritée décorer en lui, non le plus vieux soldat du ré^'inieuL » comme il disait modestement, mais le citoven et 1 orateur.

A côté de ces collègues regrettés, vous ne me pardonne- riez pas, Messieurs, d'oublier rhomme modeste qui pendant si longtemps nous prêta le concours de son dévouement

et de non activité. Depuis plus de 40 ans, M. Brassart était attaché à notie Société. D'abord simple employé de son secrétariat, il avait été successivement investi des fonctions d'archiviste, de bibliothécaire, de conservateur des collec- tions et des jardins. 11 était pour ainsi dire la tradition vivante de cette compagnie, qu'il avait vue se renouveler presi]ue toute entière, etdout il soignait h:s iiiiert Is matériels avec une incessante sollicitude. L'Administration des Hos- pices et du bureau de Bienfaisance, dont il fut également le secrétaire pendant plus de 31 ans, le vit déployer les mêmes qualités d'ordre, de zèle, d'exactitude. ËnfantdesescMivre»

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dans toute l'acception du mot, M. Brassart aimait le travail pour les satisfactions qu'il donne et il employait ses rares loisirs à des études dont plusieurs lois tous avec couronné le fruit. Son Inventaire des Archives des Etablissements charitables de Douai fut Tun des premiers travaux de ce genre. Ses i\otcs ^ur les Ik>pitaii.T micicns^ son Histoire delà Maison de LallaiûQ^ lui valurent le litre de membre de la Commission historique du département du Nord. Nous lui dûmes souvent de prédeuses communications dont j'au- rai tout à l'heure encore à rappeler quelques-unes. U a été emporté lui aussi subitement par la mort. (1) Du moins nous avons trouvé dans son tils, en même temps notre col- lègue, son digne successeur.

A cette funèbre liste, le Comice ajoutera encore la sienne, aussilougue, aussi déplorable. M. Dovillers (Louis), associé à une importante culture, le Maire populaire el aimé de

Monlifmy, (2'» cet homme esfet.'iiliellomenL hienveillant, qui ne voyait dans ses loue lions qu'un moyen de i-endre ser- vice, et dont la mort fut un deuil public.

M. Billet» (3) de Cantin, cet industriel distingué, ce chi- miste instruit, l'un des premiers de ceux qui avaient établi dans Dolre arroiidissienuMU l;i l'aln ication des alcoolsde bette- raves. Chrétien pioiondemeut convaincu, père d'une famille qui faisait songer à celle des patriarches, il déployait en- vers les pauvres de sa commune une inépuisable charité.

M. Guilbeil-l'stevez . (4) l'ami de Tillusire com|ialiiolc qui siégea dans les Conseils de la royauté, le successeur de

{{} u scplcmbro 1800, à l'àgc Uo 03

(i) Membre correspondant te 37 septembre 1839.

(3) ^klembre oorrespondanl le 10 novembre 18i8.

(4) Membrs coriwpoiul«Ql le llm»rBl84l.

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M. MartiD du Nord Uans la représentation d'une partie de cet arrondiœement. M. Guilbert qui exerça dans la ville d'Orchies, dopt II fut le Maire, dans le canton (;ui l'en- voyait en Conseil générai, une inftiieiiœ gramlf uL si justilit'é , celle que donnent la capaaté et i'iuteliisencc des intérêts du pays,

M. Delhay (Henri-Charles- Albert), à Guincy, qni après avoir suivi d'abord une toute autre carrière, avait tourné son acliviié vers l'indusUie et ffui avait fondé à Aniche une verrerie, devenue, depuis l'une des plus consi - dérables de cette grande commnne. Lui seul pourrait dire combien rudes furent les commencements de son entreprise, les angoises qu'il eut à supporter, les difficultés qu'il lui fallut franchir. La prospérité et la fortune avaient récom- pensé son inlelliprenfn persévérance; mais il avait usé sa vie et il mourait à 48 ans, le 25 décemltre de i 'année ^ dernière.

M. Charles llary enfin, enlevé par un affreux accident à Taffection d'enfants déjà privés de leur mère. Plus jeune encore que M. Delhay, car il n'avait que 46 ans, le grand agriculteur d'Oisy-le-Verger, l'élu du canton de Marquion au Conseil i^énéral du Pas-(le-( !!al;iis , s'était senti poussé, par une irrésistible vocation, quoique his de magistrat, vei-s la culture des champs. M. Hary , pour tout dire, se mon- trait le digne émule de M. Decrombèque et il savait dépasser, dans l'intensité de sa production rationnelle , les modèles si vantés de l'Angleterre.

La plupart de ceux dont nous déplorons la peile aujour- d'hui assistaient encore Vannée dernière à ces solennités départementales de ragriculture,dont Douai était à son tour le âiéfttre. La Société et le Comice , réunis plus étroite- ment que jamais, en avaieiil préparé le programme et en

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ont dirigé touU^s le parlies avec un soin couronné d'un éclatant succès.

Je ne retracerai pas ces fêtes dont voue avec gardé mé- moire et dont nos publications conservent le tableau, mais je rappellerai une iuuoviition dite a notre initiative et qui a ôté acceuiliie par les applaudissements unanimes du Dé- partement. Jusqu'ici la grande culture seule avait ses hautes récompenses. Nous avons voulu qull en fût de même pour la moyenne et nous avons trouvé juste de couronner les efforts, non moins méritants, de ragriculteur qui, disposant di' moins de ressources, est parvcnn cependuut à inlrotluire dans son exploitation les bomies méthodes , le matériel perfectionné , en un mot à suivre le progrès.

Cette année nous sommes entrés plus rèsoiûroent encore dans celte voie. Au concours cantonal d'Aniche une mé- daille par commune a été attribuée à la petite culture, à l'humble ménager qui, souvent à la sueur de son front, exploite le coin de terre qui le fait vivre. En outre, voulant exciter par ce moyen indirect la diffusion de Finstruction, inestimable auxiliaire des labeurs du corps, nous avons dé- claré qu'à ê*:alité de mérite la préférence serait accordée au concurrent qui aurait la comptabilité la mieux établie.

Vous recueillerez tout à Theure, Messieurs, d'une bouche beaucoup plus compétente, les détails de ce concours

d'Aniche. Je uc veux céder cepemianL à peî-sonne le plaisir de remercier publiquement le maire de celte importante commune, j'alliais presque dire de cette ville industrieuse, de l'aide empressée qu'il nous a prêtée. 11 avait mis à notre disposition de vastes locaux, des emplacements bien appro- priés et quelques unes des expositions s'étalaient dans la cour d'une ecuie, qui uàt auu œuvre, qui ferait honnem' à plus

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d uiie grande cité. Je dirais encore à ceux-là qui doutent de l'utilité des concours et de l'intérêt qu'ils excitent chez i'ha- bitaat de nos campagnes. « Vous n*en douteries plus si TOUS étiez venu à celui d'Aniche. n

Xoiru rûle, du point de vue agricole, ne s'est pas Jjoraé d'ailieui-s à l'organisatiou de ces luttes pacitiques. Tantôt nous donnions dans l'arrondissement la publicité et l'impul- sion À cette exposition agricole collective du Nord| qui inspirait au visiteur du Champ de Mars une si baute idée de la supériorité de ce département, et dans laquelle se diS' tinguaicut entre tous les produits de la ferme de Manny. Tantôt nous prenions i»artà la grande enquête agricole, en répondant au questionnaire développé du ministre et en nous appuyant sur des faits certains plus que sur des hypothèses systématiques. Tantôt encore nous élevions de nouveau la voix en finreur de la liberté des transactions, dans l'enquête à laquelle notre municipalité procédait, sur cette question devenue si malheureusement irritante de la règlemeutation de notre marché aux grains ; ou hien entin, détendant l'oi- seau granivore contre des accusations imméritées, nous démontrions qu'il fait plus de bien en détruisant les insectes dont il dévore des milliers, que de mal en mangeant quel- ques grains de mil, et nous réclamions contre des projets qui eussent facilité la destruction des hôtes ailés de nos campagnes.

Ici M. Delplanque nous tenait au courant des progrès et des ravages de la terrible épizootie des bétes bovines ; il

nous apprenaità notre grande joie que, malgré notre voisi- nage de contrées cruellement frappées, le mal, grâces à l'énergie des mesures administratives, avait à peine franchi notre frontière, et que S cas reconnus n'avaient entraîné

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l'abbatlago que de 17 animaux, sans que le lit au se propa- geAt davantai^e. M. Vasse, l'infatigable secrétaire du comice, venait chaque année lui dire les résultats ou les décejiîions de la récolte et, aidé des oheervatioas qui s'échangeaient, il posait des éléments d'une grande statistique agricole de rarrondissement, dont tout récenunent il a commencé les développements enmattre de la science.

Ailleurs M. Dupont recueillait pour nous mille faits non- veaux» soit dans